Le « modèle » français semble à bout de souffle. Le niveau des prélèvements obligatoires est record (45 % du PIB en 2020), mais il n’arrive cependant pas à couvrir des dépenses publiques également records (près de 60 % du PIB en 2020), le tout avec des résultats en matière de politiques publiques plaçant la France parmi les mauvais élèves de l’Union européenne (UE) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Un cercle vicieux est enclenché : ces prélèvements très élevés, sans services non marchands efficaces (Santé, Éducation, Justice, Sécurité, etc.) à l’image des pays du nord de l’Europe, plombent littéralement la compétitivité globale du pays. Un niveau élevé d’impôts, de taxes et de cotisations n’est pas un problème en soi tant que les services publics sont de haut niveau, ce qui participe à la performance globale de la nation. Dans le cas contraire, les hauts niveaux de prélèvements compriment le pouvoir d’achat et asphyxient les entreprises. Qui regarde la différence sur sa fiche de paie entre le versement de l’employeur (le « super brut ») et le salaire net, près de deux fois inférieur, est en droit de se demander « où va le pognon ? ».
Les conséquences de ce cercle vicieux sont nombreuses. C’est tout d’abord un appauvrissement collectif. Trivialement, avant de partager les parts du gâteau, il faut d’abord le faire grossir. Or, seules les entreprises financent directement ou indirectement via les prélèvements sur les revenus de leurs salariés nos politiques publiques, de la Santé à l’Éducation en passant par la Sécurité et la Défense. L’argent public n’existe pas. Ces prélèvements records brident ainsi notre économie et donc la création de richesse dans nos territoires. La richesse par habitant a, entre 1975 et 2012, progressé moins vite que la moyenne des pays de l’OCDE, en particulier par rapport aux États-Unis et, dans une moindre mesure, par rapport à l’Allemagne et au nord de l’Europe. La position de la France, située en 1975 au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE, est maintenant de ce fait en deçà de la plupart des grands pays développés, à l’exception de l’Italie et de l’Espagne. Cette compression des marges de nos entreprises entraîne un chômage qui reste encore plus élevé que dans la plupart des pays de l’Union européenne en dépit de sa baisse récente ainsi qu’un déficit commercial abyssal de plus de 80Md€ alors que la France affichait encore un solde positif au début des années 2000. « Les hauts taux [de prélèvements] tuant les totaux », les rentrées fiscales sont peu dynamiques face à des demandes sociales croissantes conséquences de cet appauvrissement collectif. Les déficits et la dette se creusent. Les gouvernants ne profitant pas des périodes favorables pour effectuer des réformes structurelles puissantes permettant d’enrayer cet engrenage, comme entre 2002 et 2007 puis entre 2012 et 2020, périodes marquées par un « alignement des astres » avec des taux d’intérêt, un euro et des matières premières faibles, notre dette publique évolue par effets de cliquet. De 60 % du PIB en 2007, notre dette publique est passée à plus de 80 % en 2009, 100 % en 2018 et 115 % en 2021. Nous finançons notre niveau de vie de plus en plus à crédit dans une sorte de fuite en avant budgétaire et monétaire. La France n’a plus présenté un budget de l’État à l’équilibre depuis 1974 !