Le risque d’une mise sous tutelle du pays

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Cette fuite en avant ne peut être sans fin. Contrairement au Japon où la dette estimée à 250 % du PIB est détenue par des nationaux, notre dette est pour plus de la moitié entre les mains d’acteurs étranger, fonds souverains, fonds de pension, banques d’affaires, assurances, etc. Elle représente aujourd’hui 40 000 € par habitant et 40Md€ de remboursements d’intérêts par an, soit l’équivalent du budget de la défense, deux-tiers de celui de l’Éducation nationale et la moitié du budget de nos hôpitaux.

Le risque majeur est que ces créanciers se mettent à douter de la capacité de la France à la rembourser. Tant que la France est arrimée à l’Euro et donc à l’Allemagne et à l’Europe du Nord, le risque est minime. Mais si ces derniers estiment que la trajectoire financière de notre pays n’est plus crédible, il devient réel. L’épargne des Français couvrant la dette publique, un scénario grec n’est pas à exclure avec sa mise sous tutelle dans l’attente de réformes drastiques pour rétablir dans l’urgence les comptes. En 2015, les Grecs étaient ainsi limités à 60 € au maximum de retrait au guichet par jour.

Pour diminuer cette dette et donc ce risque, il n’y a que trois solutions : augmenter les prélèvements, une forte croissance ou l’inflation. Les prélèvements étant records en France, la première option est écartée. La deuxième est limitée par le manque de marge des entreprises, notamment les TPE-PME et ETI de nos territoires qui emploient plus de 70 % des salariés et ne peuvent optimiser la pression fiscale comme les grands groupes à travers des filiales à l’étranger. Une étude de KPMG de 2019 intitulée « Impacts de la réglementation fiscale et sociale sur la performance des entreprises » démontre ainsi qu’une PME de 32 M€ de chiffre d’affaires présente un résultat net (i.e. après impôts) de 5 M€ aux Pays-Bas, 4,4 M€ en Allemagne, 3 M€ en Italie et…1 M€ en France. Ces pays ne sont pourtant pas des enfers sociaux ? Comment augmenter les salaires et investir dans ces conditions ? La dernière, l’inflation, semble désormais à l’œuvre. La politique accommodante de la Banque centrale européenne (BCE), dite de quantitative easing (« planche à billets ») encouragée par la France, engendre à terme mécaniquement de l’inflation. La monnaie en circulation augmentant plus vite que le volume de biens et services à acheter, cela se traduit par une hausse des prix. Si cette inflation dépasse les taux d’intérêt des emprunts à rembourser, ce qui est généralement le cas, les taux d’intérêt n’étant pas directement indexés sur l’inflation, la dette diminue car les rentrées fiscales augmentent proportionnellement à la montée des prix ainsi que le montant des richesses produites en euro courant. Le ratio dette/PIB baisse. Le problème est que cette politique se fait au détriment de la plupart des Français avec une épargne du type livret A, livret de développement durable et assurances-vie dont les rendements deviennent inférieurs à l’inflation.