Biodiversité

Préserver notre faune et flore sur l’ensemble du territoire

La biodiversité, c’est le tissu vivant de notre planète auquel nous appartenons. Cela recouvre l’ensemble des milieux naturels et des formes de vie (plantes, animaux, champignons, bactéries, etc.) ainsi que toutes les relations et interactions (coopération, prédation, symbiose) qui existent entre les organismes vivants eux-mêmes d’une part, et entre ces organismes et leurs milieux de vie d’autre part.

L’usage du mot biodiversité est relativement récent, mais la biodiversité, elle, est très ancienne. La diversité biologique actuelle est le produit de la longue et lente évolution du monde vivant sur l’ensemble de la planète, les premiers organismes vivants connus datant de près de 3,5 milliards d’années.

Dans ce cadre, avec ses territoires d’outre-mer et sa présence dans les quatre grands océans, la France recèle un patrimoine exceptionnel. Notre pays héberge environ 190 000 espèces répertoriées (plantes, animaux et insectes) sur l’ensemble de son territoire, soit plus de 10% des 1 823 983 espèces connues dans le monde (8 à 13 millions restant encore à découvrir) et la plus grande diversité d’Europe.

Pour autant, ce patrimoine exceptionnel est fragile. La branche française de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) évalue à travers sa « liste rouge » 2 430 espèces menacées en métropole et outre-mer sur 13 842 espèces évaluées, soit 17,5%.

La France n’échappe donc pas à un phénomène mondial dû aux activités humaines qui empiètent sur le monde animal, directement (construction, agriculture, etc.) et indirectement (pollution). Entre 1970 et 2016, les populations mondiales de vertébrés – oiseaux, poissons, mammifères, amphibiens et reptiles – ont décliné en moyenne de 68% selon le Fonds mondial pour la nature (WWF). Selon cette Fondation, la destruction des écosystèmes à des fins agricoles demeure la principale cause du déclin de la biodiversité. 80% de la déforestation mondiale et la majorité des feux de forêts tropicaux, de même qu’une grande partie de la disparition des zones humides et des pollutions des milieux d’eau douce, s’expliquent par l’extension des surfaces agricoles.

La préservation de la biodiversité est donc un sujet primordial pour la France, au moins à double titre : tout d’abord au regard de sa responsabilité en la matière, elle héberge 10% de la faune et de la flore de la planète, et ensuite eu égard à ses résultats, près de 20% des espèces qu’elle abrite étant menacées comme mentionné supra. Un rééquilibrage des efforts concernant la politique environnementale semble ainsi nécessaire quand on connaît les sommes consacrées à la lutte contre le réchauffement climatique, 37 Md€ selon la loi de finances 2021, alors que la France n’émet directement que 1% des gaz à effet de serre rejetés à travers le globe. A contrario, « seulement » 2,5 Md€ ont été directement affectés cette même année 2021 à la préservation de la biodiversité.

Pour autant, il ne faut pas céder au catastrophisme. Tout est réversible avec de la volonté politique et de l’innovation technologique. Grâce au remplacement des chlorofluorocarbures (CFC) dans les aérosols, le trou dans la couche d’ozone, qui préoccupait beaucoup les protecteurs de l’environnement et même le grand public au cours des années 80, est en cours de résorption. Il en va de même des pluies acides qui ont quitté les radars médiatiques dans les années 1990 à la suite de la prise de mesures fortes par les pays développés, notamment quand le Congrès américain a voté un amendement au Clean Air Act imposant des réductions majeures aux émissions qui les provoquaient. Plusieurs animaux en danger critique d’extinction se portent mieux sur la planète. Au Vietnam, par exemple, le langur de Delacour, un singe dont il ne restait qu’une quarantaine d’individus en 2000, a vu sa population quadrupler grâce à une lutte musclée contre le braconnage et pour la protection de son territoire. En Afrique, la population de gorilles des montagnes, estimée à 350 individus à la fin des années 1980, dépasse aujourd’hui les 1 000 individus, même si l’espèce demeure très menacée. En 2010, il n’y avait plus que 3 200 tigres sauvages dans toute l’Asie, mais un programme du WWF visant à doubler leur nombre d’ici 2022 est sur le point de réussir. La superficie des aires protégées augmente à mesure que les pays tentent de respecter leurs engagements envers la sauvegarde de la biodiversité. Actuellement, 15,4% de la surface terrestre et 17,8% des eaux territoriales sont protégées dans le monde, contre 14,7% et 10,2% en 2016. Autre bonne nouvelle, les marées noires ont drastiquement diminué alors que le transport de pétrole brut par bateau a augmenté de 50% depuis les années 70. Il y avait en moyenne 24,5 par an, contre 1,7 aujourd’hui.

Par ailleurs, il ne s’agit pas d’opposer la satisfaction des besoins de l’Homme et la préservation de l’environnement. Il ne faut pas oublier que la nature nous est hostile. Nous l’avons subie pendant des millénaires. Qui pourrait aujourd’hui survivre en autonomie dans notre environnement naturel, ne serait-ce qu’en forêt de Fontainebleau ? Il s’agit donc plus que jamais de faire nôtre la définition du développement durable soit « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».

Il en va ainsi du niveau d’artificialisation des sols qui ne doit pas compromettre à la fois la réindustrialisation du pays, l’industrie ayant besoin de foncier, comme le logement dans de bonnes conditions de nos compatriotes, d’autant plus que l’on est très loin d’un « bétonnage » de notre territoire. Sur la période 2017-2019, 7,9% du territoire français est artificialisé selon l’enquête Teruti (construction, routes, parkings, jardins, terrains de sport, chemins de terre, chantiers, etc.) avec un taux de croissance moyen en France métropolitaine de 1,5% depuis 1982. Parallèlement, la part des terres agricoles est de plus de 50% et les espaces naturels représentent 40% dont 30% de zones boisées, forêts qui ont doublé de volume en France et en Europe depuis 1850. On est donc loin du bétonnage du pays et il faut donc savoir raison garder.

C’est ainsi le pragmatisme qui nous caractérise et caractérise nos propositions afin de concilier la satisfaction des besoins de nos concitoyens et la préservation de l’environnement.

La nécessaire impulsion des pouvoirs publics

Proposition n°1

Fusionner le Comité national de la biodiversité (CNB), la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), l’Office français de la biodiversité (OFB) et le Conservatoire du littoral pour plus de moyens et d’efficacité.

Proposition n°2

Développer les aires protégées terrestres et marines en y associant un tourisme responsable qui participera à leur surveillance et à leur protection.

Proposition n°3

Lutter davantage contre les espèces invasives.

Proposition n°4

Faciliter la protection de la biodiversité dans les zones urbaines en rendant éligibles au « 1% artistique » les dispositifs dédiés.

Impliquer le grand public dans la préservation de la biodiversité

Proposition n°5

Favoriser la sensibilisation et surtout l’éducation du grand public (via les établissements scolaires, les mairies, les associations, etc.) à la préservation de la biodiversité par des gestes du quotidien.

Proposition n°6

Faire participer concrètement les citoyens à une politique de préservation, par exemple en leur suggérant de poser des nichoirs à oiseaux.

Proposition n°7

Réétudier nos pratiques (coupes, fauchages des parcs et prairies) afin de favoriser le développement des insectes et les nidifications

Favoriser la biodiversité dans les aires urbaines

Proposition n°8

Poursuivre la végétalisation des espaces urbains (y compris les parois et les toits si l’installation de panneaux photovoltaïques n’y est pas opportune), ce qui a comme vertus de diminuer la température en été, d’absorber des polluants, de favoriser la pénétration des pluies dans le sol pour alimenter les nappes phréatiques, de limiter le ruissellement et donc les risques d’inondation.

Proposition n°9

Concentrer l’habitat dans les zones urbaines au sens INSEE afin de limiter le « mitage » du territoire qui perturbe les écosystèmes, soit le développement de constructions en vertical et en tâche d’huile, les espaces dans ces zones urbaines étant constructibles par défaut (cf. le projet Logement).

Proposition n°10

Favoriser la réutilisation des surfaces déjà aménagées. 

Proposition n°11

Limiter l’éclairage urbain public et privé à chaque fois que cela ne remet pas en cause la sécurité des biens et des personnes.

Proposition n°12

Organiser la transition vers la « ville intelligente » via un référentiel national reconnu (réseaux énergétiques, des fluides, des données, etc.) et des audits réguliers rendus publics.

Proposition n°13

Adapter de façon proactive les plans existants (plans de prévention des risques naturels ou PPRN) aux risques émergents dont ceux liés au changement climatique.

Faciliter la transition de notre agriculture

Proposition n°14

Revenir en partie sur le remembrement en incitant les agriculteurs à replanter des haies, ce qui a comme intérêt non seulement de préserver la biodiversité, y compris des animaux auxiliaires de cultures (pollinisateurs, prédateurs de ravageurs), mais aussi de lutter contre l’érosion des sols, d’améliorer la qualité comme l’infiltration de l’eau et de stocker du carbone.

Proposition n°15

Favoriser la remontée d’alertes ou d’observations (braconnage, découpe sauvage, espèces invasives, etc.) du grand public et surtout des acteurs directement concernés (agriculteurs, pêcheurs, chasseurs, etc.) via une application dédiée.

Proposition n°16

Favoriser les échanges de bonnes pratiques et les investissements des agriculteurs en faveur de la biodiversité via le développement des mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) financées par Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER).

Accentuer la traque et aggraver les sanctions envers les dépôts sauvages de déchets

Proposition n°17

Pour lutter contre les décharges sauvages, permettre l’usage gratuit des déchetteries par les entreprises au même titre que les particuliers moyennant une participation annuelle. 

Proposition n°18

Traquer plus systématiquement les auteurs de dépôts illégaux de déchets et alourdir les sanctions afférentes.

Proposition n°19

Appliquer une tolérance zéro en matière de rejets de détritus dans l’espace public (ville, bords de routes, plages, montagne, campagne, etc.) avec une forte augmentation des amendes forfaitaires et une verbalisation systématique.

FAire de la France le pays leader de la défense de la biodiversité dans le monde

Proposition n°20

Faire de la France le pays leader de la défense de la biodiversité à la tête de projets emblématiques et déterminants comme la lutte contre les plastiques en mer.

Proposition n°21

Mettre en place à l’échelle européenne un label obligatoire sur les importations afin que les consommateurs puissent vérifier leur degré de respect de la biodiversité.