Économie circulaire

Mobiliser les Français sur l’économie circulaire

Succédant à la révolution industrielle, le XXe siècle a vu se développer une société de consommation qui a augmenté de façon très importante les prélèvements sur les ressources naturelles en les multipliant par dix. Les travaux du programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et d’autres organisations montrent que, par la conjonction du développement démographique, de la croissance de la consommation dans les pays développés et de l’aspiration des pays émergents à un modèle de consommation similaire, le niveau de consommation des ressources naturelles deviendra insoutenable avant la moitié de ce siècle.

Depuis plusieurs dizaines d’années, le milieu des années 70, une prise de conscience a progressivement eu lieu. Le sommet de la Terre à Rio en 1992 a ainsi consacré au niveau international et vis-à-vis du grand public la notion de développement durable, soit « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».

Dans ce contexte et selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), l’économie circulaire, à l’inverse de l’économie linéaire, peut se définir comme un système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en développant le bien être des individus. L’économie circulaire recouvre ainsi trois champs :

  • la production et l’offre de biens comme de services ;
  • la consommation au travers de la demande et du comportement du consommateur (entreprise ou citoyen) ;
  • la gestion des déchets avec le recours prioritaire au recyclage qui permet de « boucler la boucle ».

Cela signifie concrètement :

  • un approvisionnement durable ;
  • une écoconception ;
  • une écologie industrielle et territoriale qui suscite les synergies en matière de flux et de besoins entre les entreprises ;
  • une économie de la fonctionnalité qui privilégie l’usage à la possession ;
  • une consommation responsable ;
  • un allongement de la durée d’usage ;
  • un recyclage.

Selon une enquête menée en 2022 par Invibes, plateforme technologique spécialisée, les Français sont de plus en plus sensibles à l’économie circulaire. Ainsi, beaucoup adhèrent à l’idée de faire mieux avec moins. Ils savent que ce modèle est vertueux :

  • 47% associent économie circulaire et consommation responsable ;
  • 78% des interrogés pensent que les marques devraient encourager les consommateurs à se tourner davantage vers une consommation durable ;
  • 69% des consommateurs attendent des entreprises qu’elles communiquent davantage sur leurs engagements ;
  • 62% des Français préfèrent vendre plutôt que jeter les produits qu’ils n’utilisent plus ;
  • 70% d’entre eux privilégient les sites web et applis de vente entre particuliers pour se procurer des produits de seconde main ;
  • 78% des répondants optent pour ce genre d’achat pour des raisons économiques (produits moins coûteux).

L’économie circulaire est donc un bon moyen dans de nombreux cas de concilier pouvoir d’achat et préservation de l’environnement, soit ne pas choisir entre « la fin du mois et la fin du monde ». A l’inverse d’autres politiques écologiques comme celles visant spécifiquement à limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES), qui peuvent apparaître comme coercitives, onéreuses, déconnectées du quotidien des Français et incohérentes (la France n’émettant que 1% des GES du monde, mais en important de plus en plus à mesure du déclin de son économie), l’économie circulaire est perçue comme plus concrète et porteuse de sens.

Pour autant, la France n’est pas vraiment en avance sur ce sujet par rapport à d’autres pays développés. Si on recycle plus qu’on ne met en décharge depuis 2015 en Europe, ce n’est pas encore le cas dans notre pays. En effet, sortis des poubelles, les déchets plastique peuvent connaître trois destins : être mis en décharge, être brûlés pour produire de l’énergie ou encore être recyclés dans du nouveau plastique. En France, c’est la deuxième technique qui est la plus utilisée, puisque 44% des déchets plastique postconsommation ont été valorisés énergétiquement en 2020. Vient ensuite la mise en décharge (31%) et enfin le recyclage, qui ne représente que 25% du traitement des déchets malgré une augmentation récente. La France a donc encore une très grande marge de progression. 

Cela a amené le législateur à intervenir. Le concept d’économie circulaire a ainsi officiellement fait son entrée dans le droit français par l’intermédiaire de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 18 août 2015. Celle-ci reconnaît la transition vers une économie circulaire comme un objectif national et comme l’un des piliers du développement durable. Cette loi a par ailleurs défini des objectifs ambitieux comme celui d’une augmentation de 30 % d’ici à 2030 du rapport entre le PIB et la consommation intérieure de matières : il s’agit de produire en utilisant moins afin de découpler la croissance de leur consommation. Toujours dans le cadre de cette loi, une feuille de route a été publiée en 2018 qui fixe d’autres objectifs comme :

  • réduire de 50% les quantités de déchets non dangereux mis en décharge en 2025 par rapport à 2010 ;
  • tendre vers 100% de plastiques recyclés en 2025 ;
  • économiser l’émission de 8 millions de tonnes de CO2 supplémentaires chaque année grâce au recyclage du plastique ;
  • créer 500 000 emplois additionnels, y compris dans des métiers nouveaux.

Une politique volontariste et pragmatique peut donc permettre à la France de rattraper son retard tout en faisant de l’économie circulaire une opportunité pour nos entreprises et un levier de pouvoir d’achats pour les citoyens.

Sensibiliser le grand public de façon pragmatique

Proposition n°1

Inclure un volet économie circulaire à chaque étape de la scolarité obligatoire, volet comportant des actions concrètes comme ramasser et trier les déchets collectés dans et à proximité des établissements.

Proposition n°2

Lancer une grande campagne de sensibilisation en partenariat avec les collectivités locales.

S’appuyer sur les élus locaux pour développer l’économie circulaire

Proposition n°3

Répertorier les bonnes pratiques en matière d’économie circulaire à travers un guide à l’attention des maires réalisé en collaboration avec l’Association des maires de France (AMF).

Proposition n°4

Faire connaître auprès des élus locaux les communes exemplaires en la matière afin de favoriser la diffusion des bonnes pratiques.  

Proposition n°5

Donner aux élus locaux une large initiative en la matière en relation avec les services dédiés de l’État : les directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL).

Densifier le cycle de l’économie circulaire

Proposition n°6

Remettre en place les consignes de façon élargie (canettes en aluminium, bouteilles en verre, en plastique, etc.).

Proposition n°7

Séparer le transparent du coloré dans le tri du verre.

Proposition n°8

Poursuivre la politique de réduction des emballages plastiques à usage unique. 

Proposition n°9

Instaurer une obligation légale de récupération ou de recyclage d’un taux minimal de composants pour l’ensemble des produits manufacturés (électroménager, automobile, ordinateurs, téléphones cellulaires, etc.) vendus en France.

Les normes, les certifications et la commande publique comme leviers

Proposition n°10

Donner des instructions aux services de l’Etat et inciter les collectivités locales à intégrer dans leurs appels d’offre des critères simples liés à l’économie circulaire (par exemple des bonifications pour les entreprises certifiées ISO 14000).

Adapter les règles fiscales et comptables

Proposition n°11

Donner aux entreprises la possibilité de « suramortir » les investissements qui leur permettent de réduire leur empreinte environnementale.

Proposition n°12

Permettre aux produits issus de l’économie circulaire de bénéficier d’un taux réduit de TVA.