Une transition énergétique fondée sur la science
Le but de toute politique en matière d’énergie est de fournir les ressources nécessaires au pays tout en répondant aux exigences liées au développement durable, c’est-à-dire permettre aux habitants de satisfaire leurs besoins sans compromettre la capacité des générations futures à faire de même.
Cela signifie que notre politique énergétique doit minimiser l’impact de notre système de production sur notre environnement, environnement vu dans une approche globale : de la question du rejet de gaz à effet de serre (GES) à la préservation de la biodiversité en passant par la qualité de l’air dans les villes et notre alimentation.
La France a réussi sa première transition énergétique au cours des années 70-80 dans une logique d’indépendance nationale face à la hausse vertigineuse des hydrocarbures à la suite des deux chocs pétroliers. Le développement de notre parc nucléaire, le deuxième au monde avec 58 réacteurs, a permis de limiter l’impact de cette hausse sur notre économie tout en préservant le pouvoir d’achat des Français. Aujourd’hui encore, en dépit des subventions massives allouées aux énergies renouvelables électriques (essentiellement éoliennes et panneaux photovoltaïque) adossées aux factures d’électricité, ces dernières sont encore moins élevées d’environ 20% par rapport à la moyenne européenne.
Dans ce contexte, la France entame une nouvelle transition énergétique d’ampleur afin de respecter ses engagements pris lors de l’Accord de Paris sur le climat adopté, dans le cadre de la COP21, le 12 décembre 2015 et entré en vigueur le 4 novembre 2016. Dans un document conjoint, presque tous les pays de la planète se sont mis d’accord, sur la base de rapports scientifiques, sur un objectif commun : contenir d’ici 2100 le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, et poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5°C. Par ailleurs est proclamé l’objectif de la neutralité carbone (ou objectif de zéro émission nette), à savoir l’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et la compensation permise par les puits ou réservoirs de carbone, comme les forêts.
Cela s’est traduit dans notre corpus juridique par la loi énergie-climat du 8 novembre 2019. Elle porte sur quatre axes principaux :
- la sortie progressive des énergies fossiles et le développement des énergies renouvelables ;
- la lutte contre les passoires thermiques ;
- l’instauration de nouveaux outils de pilotage, de gouvernance et d’évaluation de la politique climatique ;
- la régulation du secteur de l’électricité et du gaz.
L’objectif est d’atteindre la neutralité carbone en 2050 en divisant les émissions de gaz à effet de serre par six au moins d’ici cette date. Cela se traduit concrètement par :
- la réduction de 40% de la consommation d’énergies fossiles – par rapport à 2012 – d’ici 2030 (contre 30% précédemment) ;
- l’arrêt de la production d’électricité à partir du charbon à compter de 2022 ;
- l’obligation d’installation de panneaux solaires sur les nouveaux entrepôts et supermarchés et les ombrières de stationnement ;
- la sécurisation du cadre juridique de l’évaluation environnementale des projets afin de faciliter leur aboutissement, notamment pour l’installation du photovoltaïque ou l’utilisation de la géothermie avec pour objectif d’atteindre 33% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique d’ici 2030, comme le prévoit la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) ;
- le soutien à la filière hydrogène ;
- la lutte contre les passoires thermiques (logements classes F et G responsables de 20% des émissions de gaz à effet de serre de la France) ;
- réduire la dépendance au nucléaire en passant sa part de 67% 50% de la production d’électricité.
Si nous partageons l’objectif général de diminution drastique de notre empreinte environnementale, cela ne doit pas se faire au détriment de notre indépendance nationale et du pouvoir d’achat des Français. Et cela d’autant plus que notre pays figure parmi les meilleurs élèves de l’OCDE en matière de rejet de GES avec seulement 1% des émissions mondiales brutes (i.e. hors importations de GES) grâce à son parc nucléaire qui, en outre, fournit aux Français et à nos entreprises une énergie relativement bon marché.
Plus fondamentalement, on ne doit pas opposer fin du monde et fin du mois, ce qui signifie concilier les intérêts nationaux et la préservation de la planète. Si les politiques de défense de l’environnement sont rationnelles et pragmatiques, elles doivent s’appliquer dans le quotidien des habitants et dans leur intérêt. En améliorant la qualité de l’air dans les villes, en développant l’économie circulaire, en développant la production locale, en limitant la production de déchets, notamment plastiques, en développant l’agriculture de conservation des sols et les espaces naturels protégés, etc., on améliore l’environnement des citoyens et donc la préservation de la planète. La défense de l’environnement ne doit pas opposer le global et le local, mais partir du local. En préservant l’environnement de son pays, on préserve la planète, ce qui a beaucoup plus de sens pour les citoyens que de culpabiliser un ouvrier ou un employé qui roule avec une vielle voiture diesel alors qu’il peine déjà à subvenir à ses besoins ! Face à un mouvement écologiste qui s’est historiquement développé dans l’opposition à la Nation, mettons du vert dans le bleu-blanc-rouge et du bleu-blanc-rouge dans le vert !
Par conséquent, nous appelons au pragmatisme, à la recherche et à l’innovation. Toute politique dogmatique se traduira par des pénuries, de l’énergie chère et donc par un appauvrissement de notre tissu productif et une baisse du pouvoir d’achat, le tout entraînant mécaniquement une hausse des GES importées.
Hélas, notre pays a envoyé des signaux contrastés ces dernières années, donnant parfois l’impression de suivre la politique allemande qui s’est pourtant soldé par un cuisant échec accentué par la crise géopolitique mondiale provoquée par la guerre en Ukraine. L’Energiewende, c’est 580 Md€ en vingt ans, essentiellement dans l’éolien et le solaire, pour finalement une empreinte carbone de la production électrique en Allemagne (362 g CO2eq/kWh) près de 9 fois supérieure à celle de la France (42 g CO2/kWh). Cerise sur le gâteau, le prix de l’électricité outre-rhin est le plus cher d’Europe !
Dans la même logique, la France dépense chaque année 5 Md€ pour développer des EnR électriques…alors que notre production d’électricité est déjà presque totalement décarbonée grâce au nucléaire. Paradoxe en dépit de cet effort financier, notre pays a même dégagé plus de GES entre 2015 et 2017. Pour la troisième année consécutive en 2017, les émissions de CO2 sont reparties à la hausse pour atteindre 27,9 millions de tonnes, soit 20% de plus qu’en 2016. Là aussi, double peine puisque, pour soutenir financièrement essentiellement des panneaux photovoltaïques et des éoliennes intermittents, les taxes ont entrainé le doublement du prix du kWh sur notre facture d’électricité depuis 2001 avec, notamment, une Contribution au service public d’électricité (CSPE) en hausse de 650% depuis cette date.
Nous militons donc pour une politique aussi ambitieuse que de bon sens en la matière, conciliant intérêt national, pouvoir d’achat et préservation de l’environnement. Cela passera par la poursuite de l’investissement dans le nucléaire de troisième génération, mais aussi et surtout par la fusion nucléaire (cf. le projet ITER en France), soit une énergie sûre, propre et quasi infinie.
Relancer notre filière nucléaire
Proposition n°1
Maintenir la puissance de notre parc nucléaire à 60GW, voire l’augmenter, en relançant de façon volontariste le programme en la matière, soit construire de nouvelles centrales, si nécessaire de deuxième génération le temps que la technologie EPR (European Pressurized Reactor) soit suffisamment maîtrisée pour multiplier les constructions, 60GW représentant la puissance d’une trentaine d’EPR à technologie constante.
Proposition n°2
Afin d’effectuer le tuilage avec le nouveau parc nucléaire et les énergies alternatives renouvelables, mettre en œuvre le grand carénage de façon pragmatique après avis de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), et ce, pour chaque centrale dont la vie n’est pas prédéfinie.
Proposition n°3
Utiliser les 5Md€ de subvention aux EnR électriques pour accélérer les recherches sur les petits réacteurs nucléaires (Small Modular Reactor), la fusion nucléaire, la surgénération, les hydroliennes, la méthanisation des déchets, les capacités de stockage de l’électricité et de l’hydrogène.
Instaurer un moratoire sur l’installation d’éoliennes
Proposition n°4
Instaurer un moratoire sur l’installation des éoliennes afin de vérifier l’intérêt et la viabilité de chaque projet, le bilan carbone d’une éolienne étant de 14,1 g CO2e par kWh (15,6 en offshore) contre 6 g CO2e par kWh pour une centrale nucléaire en France selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). A cela s’ajoute la non maîtrise de cette filière en France, son impact négatif sur la biodiversité et une acceptabilité sociale sujette à caution.
Développer le photovoltaïque sur les surfaces « inutiles »
Proposition n°5
Limiter le développement du photovoltaïque aux surfaces « inutiles » comme les toits afin de ne pas empiéter sur les espaces naturels ou les terres arables à l’image d’un projet en Gironde qui menace 1000 ha de forêt.
Poursuivre les efforts en matière de sobriété énergétique
Proposition n°6
Intensifier les efforts en matière de sobriété énergétique avec un objectif de moins 25% en 5 ans, tant dans l’administration (poursuite du plan « administration exemplaire ») où une partie des gains financiers pourront être récupérés par les services en récompense que dans le secteur privé où des réductions d’impôts pourront inciter les acteurs à investir pour ajuster au mieux la fourniture d’énergie aux besoins (capteurs, réseaux intelligents, etc.), tout particulièrement dans les TPE-PME.
Proposition n°7
Débloquer 50Md€ sur 5 ans pour mettre fin aux « passoirs thermiques ».
Diversifier les modalités de transports afin de réduire notre dépendance aux énergies fossiles
Proposition n°8
Diversifier les modalités de transports, qui représentent avec l’habitat 50% des émissions de GES en France, afin de limiter la dépendance du pays aux énergies fossiles : autoroutes électriques (alimentation en roulant), ferroviaire et fluvial essentiellement.
Proposition n°9
Investir dans la recherche sur la réutilisation de l’énergie perdue, des capteurs placés dans le bitume permettant par exemple de produire 200 kwatts d’électricité par kilomètre à raison de 500 voitures par heure.
Poursuivre le développement de la production d’hydrogène décarboné
Proposition n°10
Poursuivre et amplifier la stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné qui prévoit déjà 7Md€ d’investissement d’ici à 2030, tout particulièrement en faisant émerger une filière française de l’électrolyse qui, associée aux capacités de stockage de l’hydrogène, permettra de rentabiliser nos capacités de production d’électricité.